vendredi 3 avril 2009

12.

Je joue du luth.
Matin et soir.
Comme jadis celle des araignées, j'ai décidé de vaincre ma peur des insectes xylophages. Et plutôt que d'enfermer toujours mon luth dans son petit cercueil, de le laisser prendre l'air, de lui faire une place sur une jolie table où vingt fois le jour je le croise du regard, posé bien à plat sur ses cordes, montrant sa coque brillante comme un gigantesque grain de café mordoré, le saisis avec précaution et lui parle un peu avec les doigts.
De nous deux, c'est moi la muette et lui l'aveugle.
L'inviter à s'installer ici, tout à côté, cela nous a beaucoup rapprochés je crois.
Et je me rassure en pensant que les vibrations du son éloignent sans doute les capricornes aussi efficacement que les fermoirs de métal ou l'odeur du bois de cèdre.

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