mardi 1 décembre 2009

17.

Reprendre le luth. J'en avais un peu peur. Que sont en tout ce temps mes doigts devenus ?
Courbatures dans le dos, les épaules, après le premier soir, comme si je m'étais muée en femme de pierre.
Il me sera impossible de recommencer là où je m'étais arrêtée. ânonner péniblement des pièces que je maîtrisais si bien il y a quelques mois. Entendre le sentiment fuir sous les difficultés techniques. Mes doigts gourds. Rabâcher avec dégoût des airs que je ne parviendrai plus à sentir de l'intérieur. Je ne le pourrai pas.
Alors je commence à neuf. Je change de position de jeu, de place où jouer, prends de nouvelles pièces, trouve à mon luth un autre et meilleur lieu de repos.
Voilà l'angoisse et l'ennui dissipés. Je joue du luth.

3 commentaires:

Giusepe a dit…

Ca me fait penser à quelques pages de Gide, dans lesquelles il parle de sa tristesse devant son piano, réalisant qu'il est incapable de jouer des préludes de Bach, alors qu'il les connaissait par coeur quelques temps auparavant.

Mais je n'ai pas réussi à retrouver ce passage. On devrait toujours mieux annoter ses lectures !

Tout à fait autre chose. Connaissez-vous cet album, Julie du luth ?
C'est à tout hasard, et ne m'en veuillez pas si vous n'aimez pas.
http://www2.deutschegrammophon.com/special/?ID=sting-dowland

Pr. Dragon a dit…

Peut-être votre souvenir de ce passage vaut-il mieux finalement que le passage lui-même... Souvent lorsqu'on n'arrie pas à retrouver un texte, c'est que l'on recherche ce qu'on en a fait, alors qu'il n'est que ce qu'il est... Quant au luth, le retrouver, ce n'est nullement tristesse, mais un plaisir vraiment inattendu.
Sting... Oh, cela fait bien longtemps qu'il tourne en boucle sur mon französich grammophon, celui-là. J'aime beaucoup la manière dont sa voix blanche s'allie au luth. C'est très inhabituel dans l'interprétation de ce genre de musique, mais cela se marie bien avec le côté doucement râpeux des instruments à corde - c'est du boyau, ne l'oublions pas...

Jean Jacques a dit…

Comme je vous comprends !

Jean Jacques