mardi 25 mai 2010

Songe des routes

Dans l'eau bondissante je répands quelques feuilles bleues, rugueuses comme des langues de chats séchées.

Elles vont couler peu à peu comme feuilles d'automne au fond d'un étang.

Lorsque l'infusion est prête, je la laisse refroidir sans filtrer.

Lorsqu'elle est froide, je la laisse encore, je l'oublie dans un coin à l'ombre, qu'elle soit la plus tranquille.

Enfin je retombe dessus, comme par hasard, et alors je la bois.

Au fond du liquide rose m'attendent les feuilles de la sauge, et la poussière des chemins où elle fut cueillie. La sauge est songe de poussière.

Je ne boirais pas la dernière gorgée, pour n'avoir que le début de la saveur de longue route des grains terreux qui s'y soulèvent, et non leur sécheresse sur la langue.

La poussière attend au fond de l'étang.

3 commentaires:

studio des nuages a dit…

J'aime beaucoup le sauge; la dernière phrase m'intrigue !

Jean Jacques

studio des nuages a dit…

"la sauge" bien sûr; désolé...

studio des nuages a dit…

C'est maintenant, en été, qu'il est conseillé de cueillir la sauge !