jeudi 20 mai 2010

28.

Je joue du luth.

Ânonne en boucle ce même passage d'une pièce difficile où mes doigts, à l'aveugle, peinent encore à trouver leur place sans deux ou trois tâtonnement. Main gauche, main droite. Toujours l'une ou l'autre manque au rendez-vous au terme de cette petite phrase qui devrait être si gracieuse.

Et soudain, stupeur.

Dans mon rabâchage mécanique, quelque chose, de très loin, a chanté. Un son puissant et doux dans la voix haute. Inattendu. Je cherche à le reproduire. Le trouve. Le perds à nouveau. Cherche à quoi cela tient. L'angle des doigts, la partie de la pulpe qui touche la corde, l'intensité du mouvement. Et tout ceci en mille nuances innomables qui font la sensualité de cet instrument. Longuement je palpe mes chanterelles, cherchant à cerner ce qui a chanté.

Le mettre en flacon, si possible, pour une autre fois.

Je sais que c'est vain.

Ce soir, je n'ai pas trouvé l'ultime et définitive solution pour avoir à coup sûr un beau son.

Mais je sais qu'il existe, là, à portée de doigts, il m'attend.

1 commentaire:

studio des nuages a dit…

Vous avez chanté et fait chanter votre luth et il vous a fait signe ! Il faut savourer ces instants de bonheur. je vous en souhaite d'autres. . .

Jean Jacques