lundi 29 décembre 2008

5.

Je joue du luth.
Mais aujourd'hui il a la voix cassée. C'est ma faute. Quelle idée aussi d'oublier cette fenêtre ouverte pendant la moitié de la nuit. Surtout cette nuit. Il y avait 25° d'écart entre l'intérieur et l'extérieur de la fenêtre.
Mes plantes ont à moitié gelé.
Les murs sont glacés.
Et mon luth a vaillamment encaissé le froid dans son cercueil. Trois cordes ont sauté, toutes les autres ou presque ont bougé et peinent à retrouver l'accord, se faussent à nouveau dès qu'on les touche. Son bois est tout raide et sa voix grelottante.
Il va falloir le réchauffer, le ranimer peu à peu, refaire circuler la vie dans les veines du bois.
Quelques temps encore le son sera atroce mais je lui dois bien ça.

lundi 22 décembre 2008

4.

Je joue du luth.
Certains disent que dans le luth, le plus important c'est d'avoir un beau son.
Pour d'autre, c'est la rapidité d'exécution des pièces qui est essentielle.
Oui, tout ça, c'est essentiel. Mais en fait, pour jouer du luth, le plus important, c'est surtout : bien se laver les mains.
Parce que va ravoir une tache sur une table d'harmonie en épicéa clair de quelques millimètres d'épaisseur.
Alors je vais me laver les mains, aussi soigneusement que je joue du luth.

mercredi 10 décembre 2008

3.

Je joue du luth.
Pas très bien.
Mes doigts encore malhabiles s'enmmêlent dans les cordes, traînent ou emportent le rythme. Cela ne fait pas si longtemps.
Mais peu importe l'habileté. Lentement, attentivement, je travaille le son. Je cherche à faire vibrer les voix de l'instrument, faire entrer ses choeurs en résonnance, toucher les cordes pour en obtenir une vibration profonde, une sombre et chaude perfection sonore. C'est un superbe instrument, mon luth. Bien plus beau que mes doigts ne le valent. Lentement je progresse vers lui. En attendant, je rends justice à sa voix.
Sentir l'instrument vibrer contre moi, cela m'apaise. Je m'absorbe dans ces sonorités.
Eloigne mes soucis, détend mes nerfs et dissipe toute pensée. Je joue du luth.

mercredi 26 novembre 2008

2.

Je joue du luth.
Aujourd'hui, j'ai fait un très beau do dièze.

mercredi 29 octobre 2008

1.

Je joue du luth.
Parfois, j'aimerais bien être un chat ou n'importe quel animal à pattes griffues pour pouvoir grimper en m'agrippant aux tentures, aux arbres, aux grillages, aux treillis. Ce serait si excitant, rien que d'y penser mes épaules en tressaillent d'envie. Mais je n'ai pas de griffes et mes ongles sont coupés à ras, laissant à nu la pulpe molle, tendre et sensible du bout des doigts avec laquelle seule on obtient ce toucher délicat qui fait vibrer la corde avec puissance et régularité, pour obtenir le son rond, doux, profond qui vibre jusqu'au fond des chairs – non, des griffes, je n'en ai pas, alors je joue du luth.