dimanche 21 novembre 2010

Charmant

Tu étais simplement charmant, mais ce n'est pourtant ni ton sourire, ni tes mots, ni ton doux visage qui m'attachèrent à toi. Oh, sans le vouloir, certainement, avec la plus grande innocence - et ce fut là tout ton art - tu as touché la corde la plus sensible, celle qui m'attirerait irrépressiblement. Nous nous connaissions à peine.
Tu m'as fait honte.

samedi 20 novembre 2010

Nuit, gravement

Ce soir, lorsque tu t'es glissé sous les draps auprès de moi. M'est revenue la sensation de ton genou touchant ma jambe pendant la nuit précédente, et le réconfort de ce contact. Et elle était encore si précise, cette sensation, que c'était comme si cela venait de se passer, comme si je n'avais pas quitté cette position couchée sur le côté, sous les draps, à demi endormie, à sentir de loin en loin ton corps velouté vivre à côté de moi.
Comme si la journée de veille écoulée entre-temps s'était d'un coup escamotée.

A la toi

J'aimerais beaucoup, un jour, satisfaire tous tes fantasmes - car je sais que j'y suis, dans tes fantasmes - mais je sais aussi, hélas, avec certitude que dans tes fantasmes, je ne suis pas du tout moi.

jeudi 11 novembre 2010

29.

Et vous qui arrivez maintenant, vous lirez tout en sens inverse de celui où cela a été écrit.
Non que l'écoulement du temps ait une telle importance. C'est une basse continue, sourde et cyclique.
Mais c'est une idée étrange à penser. Vous remonterez les mots comme vers leur source.

mercredi 10 novembre 2010

Entre les pages

Cela fait si longtemps que je suis guérie de vous.
Aujourd'hui j'ai relu une lettre. Non une lettre de vous. Une lettre de moi. Jamais elle ne tomba sous vos yeux ; ni sous ceux de quiconque. Enfin je l'espère.
J'ai relu cette lettre, elle était cachée entre les pages d'un livre, non comme chez Edgard Poe, qui se serait contenté d'en faire un marque-page : je ne suis pas assez confiante, la lettre était scellée à l'intérieur de la couverture, que j'ai dû déchirer un peu pour récupérer la lettre.
Je l'avais scellée comme un talisman pour qu'elle ne soit jamais lue. Mais aujourd'hui je l'ai rompu, non parce que c'était important, mais précisément parce que d'importance cela n'en a plus ; plus du tout. Et ces mots et ces sentiments que je pensais gravés si profondément en moi que je n'aurais plus jamais besoin de les relire, aujourd'hui je les ai si totalement oubliés que c'est avec curiosité que je découpe l'enveloppe. Je ne sais plus du tout ce que je vais trouver. Le ventre qui se noue pourtant en déchirant avec fébrilité, pas très proprement, le papier qui l'enclot. Je crains la honte et mes gémissements passés.
Mais non. La lettre est plutôt gaie, vive et rapide malgré la longueur de mes épanchements. Elle me plait encore. Elle exprime avec précision des sentiments d'une grande sincérité.
Cette lettre a six ans, presque jour pour jour.
Presque jour pour jour cela fait cinq ans que se sont détruites à jamais toutes les illusions que j'y couvais.
Mon coeur a tant changé, et vous-même, je ne vois plus du tout en vous celui à qui j'écrivais alors.
Pourtant c'est un langage que je comprends toujours. Et toujours je trouve joli ce frais jardin de l'absolu délire où je me complaisais à languir.