dimanche 5 avril 2009

13.

Je joue du luth.
Et je viens enfin de trouver de nouvelles basses très harmonieuses pour le thème des Folies d'Espagne sur lequel je brode sans discontinuer ces jours-ci.
Des basses profondes, vibrantes et obscures ce qu'il faut. Alors je les répète inlassablement à mon luth pour les lui faire goûter, je m'enfonce dans ces sonorités hypnotisantes comme dans une très suave et très lointaine méditation. Ce n'est pas trop difficile à jouer. C'est d'une beauté vertigineuse. Je m'en étourdis.
Et c'est précisément ce moment que choisit ma fichue douleur au poignet pour revenir de plus belle.

vendredi 3 avril 2009

12.

Je joue du luth.
Matin et soir.
Comme jadis celle des araignées, j'ai décidé de vaincre ma peur des insectes xylophages. Et plutôt que d'enfermer toujours mon luth dans son petit cercueil, de le laisser prendre l'air, de lui faire une place sur une jolie table où vingt fois le jour je le croise du regard, posé bien à plat sur ses cordes, montrant sa coque brillante comme un gigantesque grain de café mordoré, le saisis avec précaution et lui parle un peu avec les doigts.
De nous deux, c'est moi la muette et lui l'aveugle.
L'inviter à s'installer ici, tout à côté, cela nous a beaucoup rapprochés je crois.
Et je me rassure en pensant que les vibrations du son éloignent sans doute les capricornes aussi efficacement que les fermoirs de métal ou l'odeur du bois de cèdre.