jeudi 28 mai 2009

14.

Je joue du luth.
J'écoute du luth.
Et remonte ma mémoire.
A la première génération, il y eut quatre filles, aucun garçon. La quatrième de ces maudites filles en subit une telle culpabilité qu'elle donna par la suite toujours raison aux garçons, jamais aux filles, et fut une mère froide.
A la seconde génération, l'une des filles de la précédente souffrit tant de ce manque qu'elle demeura toujours enfant : toujours vulnérable, jamais responsable, proie pour l'homme vindicatif qui se l'était accaparée.
A la troisième génération, cet homme fut incestueux envers ses filles. Comment leur mère les aurait-elle protégées, elle dont il faut prendre soin comme si elle était l'enfant de ses propres enfants ?
La quatrième génération, tout le monde se demande pourquoi elle tarde tant à venir. Mais si chaque fille a subi pire que sa propre mère, connaît-on assez la valeur du temps mort ?
Je berce un luth contre mon ventre vide.