mercredi 10 février 2010

D'une plus grande lumière

Rue Malebranche à Paris, les beaux jours à certaines heures, les fenêtres des immeubles de la rive nord réfléchissent la lumière du soleil sur la façade des immeubles de la rive sud. Ces taches de lumière déformée ont une grâce particulièrement touchante.
Deux falaise se faisant face, l'une sombre, l'autre ornée de claires taches de rousseur. Je ne sais pas si je préférerais habiter ces immeubles du sud, qui sont si jolis lorsque leur façade s'anime ainsi de rayons, ou ceux du nord qui leur font face, pour pouvoir depuis leur dignité austère contempler les jeux de la lumière.
Ainsi lorsque je vois dans ton regard s'allumer cet éclat d'admiration dont je connais si bien la douce brûlure intérieure je me demande ce qui vaut mieux, d'être la source de la lumière ou l'oeil où elle se réfléchit.

lundi 1 février 2010

Il y a longtemps, la jeunesse

Mon arrière-grand-mère à dix-huit ans.

Bien sûr, je ne l’ai pas connue à cet âge-là, mais plutôt à quatre-vingt-dix-huit, peu avant sa mort, blanche, desséchée et voûtée, semblant une gentille souris.

Mais j’ai une photo d’elle à la peau lisse et pleine.

A dix-huit ans, elle me ressemblait beaucoup, à quelques traits près que je retrouve disséminés ailleurs dans la famille.

Une coiffure modeste dans l’atelier du photographe. Un maintien modeste aussi – mon arrière grand-mère à dix-huit ans ne se tenait pas très droite, malgré la pose intimidée.

Un front calme, un visage puissamment construit.

Elle a eu ma grand-mère, qui était sa quatrième fille, à un âge que je ne vais pas tarder à atteindre.

Comme c’est étrange – à dix-huit ans, elle ne ressemble pas à la jeune fille que j’étais à dix-huit ans. Elle ressemble à moi, près de trente.