samedi 21 juillet 2012

Le luth vide

En commençant ce blog, je pensais qu'il ressemblerait à tout autre chose.

Je pensais qu'il serait fait de billets courts, souriants, un peu maladroits, anecdotes naïves et concrètes sur les tribulations de l'apprentissage d'un instrument difficile, mais fascinant. Je pensais qu'il prêterait à sourire. Candide au pays du luth, je voulais apprivoiser l'instrument en lui donnant un ton plus humain, voire humoristique. Rendre au luth toute sa rondeur. Briser la distance froide que crée la fascination.

Mais la tragédie gagne le luth à la course.

A la première génération, il y eut quatre filles, aucun garçon. Une mourut enfant, les autres firent le malheur de
La seconde génération, celle de ma mère, à la voix brisée, désarticulée, inquiétante à l'image de son corps perdu.
A la troisième génération, j'essaye de tenir les morceaux ensemble. Il me faut tout contrôler, sinon je me pends.

Nulle place pour le luth, instrument aquatique, ondoyant, demandant le lâcher-prise.

Le luth se détache, bulle creuse, et je souhaite qu'il en soit ainsi de mon ventre. Que le luth absent, muet, me rappelle de ne jamais avoir d'enfants. A défaut de la mélodie, que se rompe la transmission. Il faut bien qu'à un moment tout cela s'arrête - la douleur, tourner autour du vide.

Et c'est maintenant.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Grandeur de Google qui trouve votre blog ! Je suis luthiste et grâce à une recherche googelienne je sais tout sur les tortues luth mais cela m'amène aussi sur votre curieux roman avec l'instrument cher.
Le luth est comme les chats : on s'occupe beaucoup d'eux et ils nous tolèrent, avec parfois des ronronnements. Il faut jouer Francesco da Milano : c'est bon pour l'harmonie de l'être ou, au moins, on peut l’espérer.
Cluny71

giusepe a dit…

Comment vous appeler, maintenant, Julie du luth ?